Fiche d'Orochimaru.

Le roman est l'histoire du présent, tandis que l'histoire est le roman du passé.

J'ai l'impression de ne plus sentir mon triste corps désarticulé. La douleur doit ankyloser mes nerfs. Je me sens lourd et en même temps si léger. Comme si le lien qui me reliait depuis ma naissance à cette Terre se délitait. Enfin. J'avais connu une belle vie après tout, loin de mes fantasmes d'immortalité, mais une belle vie. Connu comme le plus grand ninja de ma génération, le plus grand alchimiste aussi, le plus grand créateur. Mais se faire vaincre par un gamin, et son propre élève... Jamais Kimimaro ne m'aurait fait cette injure, lui qui s'est sacrifié pour moi. Pour sauver celui qui aurait dû être mon hôte et m'offrir mes précieux Sharigan. Celui qui devint mon assassin. J'ai mal, si mal. Et il fait si noir. Douleur. Je sens ma tête, comme si elle allait exploser, et mon cœur qui bat, si fort, à m'en faire exploser la poitrine. Mon corps se rétracte, reprenant sa forme originelle, quittant celle du grand serpent blanc. Je suis là et j'ai mal. La mort est douce à côté de la vie. Plus de souffrance, plus de douleur. Et là, les noirceurs se déchirent pour laisser place à une lumière aveuglante. Mes yeux s'ouvrent pour bruler la seconde qui suit. J'ai mal, de partout. Mes membres sont autant de points de douleur. Et je sens mon corps formidable travailler, lui qui guérit si vite. Plus il travaille, plus je souffre. Mes chaires se referment, ma peau redevient lisse et soyeuse, et ma main se referme sur le sol, nageant comme le reste de mon corps dans un liquide poisseux et froid. Mes yeux se rouvrent, lentement, par peur d'être de nouveau brûlés par la lueur assassine des bougies. Je lui là, sur le dos, allongé dans mon propre sang. La salle est ravagée par mon combat contre Sasuke. Maudit Uchiwa. Me voici infirme, j'aurai préféré être mort. Je ne suis plus que l'ombre de moi-même, un semblant de celui que j'étais avant. Péniblement, au sacrifice de plusieurs longues heures, je me trainais par terre, attrapant les pieds de mon lit, me glissant dessus lentement, perclus de douleur. Mon corps semblait parcouru de millions d'épines qui jouaient de l'intérieur. Mais maintenant, allongé dans mes draps de convalescent, je savoure cette douleur. Elle me rendait vivait, et ce lien qui me reliait à la terre et qui se délitait n'avait jamais été aussi puissant et fort. Bien sûr, mon corps récupérait aussi vite qu'à l'accoutumé, mais les dégâts avaient été trop importants. Je n'avais plus une once de chakra en moi. Pas assez pour voir si Kabuto était encore là. Je me raidis dans mon lit. Angoisse. J'étais immobile, et inoffensif. Ma peau se craquelait, raide sur mon corps exsangue. Je détestais patienter, et je détestais ne pas contrôler une situation. Mais une mue s'imposer si je vous reprendre visage humain. Alors, ma peau devint dure et morte, et j'écartais ma mâchoire, expérience que je ne vous invite pas à voir, c'est assez traumatisant. Je sortis, nu, luisant, pour tomber inconscient par terre, m'échappant enfin de ce corps détruit. De cette mue blanche, comme celle qui jadis m'avait guidé. La mue du grand serpent blanc.



A quoi servirai-t-il que je vous raconte mon histoire, alors qu'elle appartient déjà au passé ? Les ninjas sont des créatures de l'avenir, le forgeant selon leur désir et leurs valeurs. Je préfèrerai de loin parler de ce que je vais faire. Et pas de ce petit garçon sage et terrifié que j'étais.
Les lignes que vous allez lire ne racontent pas la même histoire que l'on raconte à Konoha. Patriotes, ses habitants voient en moi la cristallisation de toutes leurs peurs, de tous leurs vices mais aussi de tous leurs fantasmes. Tenir tête à leur Kage, devenir puissant à en être craint, défier les Dieux et les Démons.

Je n'ai jamais connu mes parents, mais ça ne fait pas de moi ce garçon fragile qu'on imagine bien souvent. J'ai reçu l'affection de mon mentor et sensei depuis ma sortie de l'académie ninja de Konoha, dans ma Sixième Année. Sarutobi-sensei me prit donc sous son aile, moi l'orphelin talentueux qui avait fini major de sa classe. Il m'éleva même en exemple devant mes deux camarades ninjas que vous connaissez sûrement, Jiraiya et Tsunade. J'ai appris d'ailleurs récemment que le premier avait péri sous les coups de son élève préféré, Nagato, et que la seconde avait sauvé le peuple en se sacrifiant physiquement. Voir cette vieille Tsunade sans ses artifices devait être amusant je pense. Je me souviens parfois des paroles de mon maître, que j'ai vaincu à mon tour, à croire que c'est une sorte de tradition funeste chez les ninjas, me disant que je possédais un talent hors du commun, « comme il n'en naît que quelques-uns par siècle ». Ces paroles tournent encore dans ma tête, quand je suis devant mes expérimentations, et me poussent à devenir toujours plus fort. Non pas en l'honneur inutile et futile des mânes de mon mentor, mais plus pour me prouver que mon égocentrisme extrême n'est pas le fruit hasardeux de mon imagination aussi fertile que perverse.

On pourrait me demander pourquoi, alors que j'étais choyé par un maître aussi puissant qu'affectueux, je décidai de le trahir, allant jusqu'à le supprimer. Il faut dire que ce vieux débris n'était plus que l'ombre de lui même et le fantôme des anciennes traditions ninjas dépassées et éculées. Je suis un homme qui sait ce qu'il veut, et qui fait tout pour l'obtenir. Sous sa protection, je pouvais faire mes expériences dans mon cabinet secret pendant qu'il fermait les yeux devant les disparitions de certains de ses concitoyens, allant jusqu'à me soustraire à l'autorité policière des Uchiwa qui, alors, était la force répressive du Village Caché de la Feuille. J'avais alors accédé au titre de Sannin, avec mes deux petits camarades, devenant alors l'un des Trois Ninjas le plus craint et le plus puissant de ma génération. L'on voyait en moi l'avenir du Village, grâce à ma puissance, à mon talent et à la confiance de mon maître. On vous dira ensuite que mon sensei, ce saint de Sarutobi, verra en moi une graine de malveillance et d'ambition malsaine qui me supprima la possibilité de devenir la Kage, poste qu'il m'avait promis. A moi. Son successeur, son élève, son préféré. En réalité, il était tombé sous le charme de cet autre ninja, élève de mon "ami" aux grenouilles, ce Namikaze, spécialiste des sceaux de déplacement instantané. Je dois avouer que sa technique était aussi unique que stupéfiante, mais sa jeunesse et sa fougue l'empêchait selon moi de devenir le Kage talentueux que j'aurai été.

Avoir été remplacé par un petit freluquet aussi blond qu'impétueux ne me dérangeait pas outre mesure. Mais j'avais dépassé un point de non retour dans mes expériences, entrainant une mort utile à certains ninjas du village. Sarutobi avait de plus en plus de mal à me pardonner mes exactions, et nomma Jiraiya chef des Forces Spéciales ANBU. Forces spéciales qui sont venues sans prévenir, impolitesse extrême, pendant mes expériences, en l'occurrence le transfert de l'âme. Depuis que j'avais trouvé une mue de serpent blanc, symbole d'immortalité et de renaissance sur la tombe de mes parents une de mes grandes obsessions (en plus de celle de maîtriser tous les ninjutsu existants et donc succéder à mon maître) était de survivre à mes contemporains et de ne pas vieillir. J'étais il faut l'avouer furieux, me retrouvant en position assez délicate avec un foie muté flottant dans un bocal. Bon appétit. Je dû combattre les deux ANBU venu avec mon maître présent en personne pour m'arrêter. Chose simple avec une Percée des Vents que j'avais mise au point avec l'aide des techniques Futon du Village. Je passais devant mon maître qui ne daigna réagir malgré les injonctions de sons singe stupide, les bras chargés des parchemins de techniques interdites du Village, et rencontrait mon ancien camarade aux crapauds que je dû vaincre sous peine de me faire lourdement arrêter.




La suite est un peu moins connu du grand public et ce n'est pas plus mal. Les sombres secrets ninjas ne doivent pas être dévoilés à la masse informe et grouillante que sont les personnes insignifiantes qui composent nos villages. Je me suis enfuie du village caché de Konoha pour m'associer à l'Akatsuki, sous la demande expresse d'un certain Pain, chef de l'organisation Je dois avouer qu'ils avaient déjà pris contact avec moi et m'avaient exposé leur vision du monde, idyllique. Mais leur monde de pays totale ne m'importait peu. J'allais être en présence des plus grands ninjas et donc être considéré comme tel. En présence de techniques toutes plus surprenantes et puissantes les unes que les autres. En présence d'Itachi Uchiwa, nukenin de mon village, et possesseur du Sharigan. Les pouvoir du Sharigan ne m'importaient peu, quoique étranges et efficaces, surtout quand, comme moi, vous savez vous libérez de l'influence de kaléidoscope hypnotique. Mais parmi les dons de cette pupille, il y avait l'apprentissage rapide des techniques ninjas. Ce qui est appréciable quand on veut apprendre le plus rapidement possible toutes les techniques ninjas, d'où la composition de ma technique du transfert de l'âme. Mais comme vous devez le savoir, j'ai voulu prendre les yeux du nukenin, mais il m'a battu avec ses techniques de genjutsu, et j'ai dû m'enfuir, ma main coupée au passage. J'ai fondé ensuite dans l'ombre des grandes puissances, mon propre village cachée de ninjas, dans le pays des Rizières. Je suis devenu l'un des ninjas les plus connus et les plus dangereux, mais j'avais disparu de la circulation. Mon corps devait se réincarner, et mes élèves devenir plus puissant pour s'inscrire au concours qu'organisait Konoha.

La suite est tristement connue. Sasuke est venu me rejoindre, quittant à ma grande surprise son ami le Jinchuuriki, qui ne m'importait rien, de Kyubi. Ensuite, je l'ai entrainé, le faisant devenir un ninja accomplit et surpuissant. Il allait devenir mon hôte, depuis l'impossibilité de me réincarner dans le corps de mon fidèle Kimimaro, atteint d'une maladie incurable et mort de sa belle mort contre Gaara, celui qui allait devenir le futur Kazekage. Hôte qui m'offrirait les Sharigan que j'attendais depuis une éternité semblait-il, hôte qui allait m'offrir la jeunesse quand j'aurai rompu son âme et son esprit. Hôte qui me tua et s'enfuit avec mes ninjas formant une branche parallèle à l'Akatsuki. Je connaissais l'existence de Madara, l'ayant déjà plusieurs fois aperçu et connaissait déjà une bonne partie de ses plans, dont l'attaque par Zetsu blanc. J'avais dés lors préparé un contre, au cas où. On me pensa donc mort, moi aussi. Mais je suis vivant. Et je compte bien revenir sur la scène politique ninja.


Cela fait maintenant deux semaines que je suis en convalescence, seul, dans ma chambre au palais d'Oto. Le bâtiment est vide, et je dois m'insinuer dans l'esprit des rats de la masure pour savoir ce qu'il se passe dehors. Les habitants de mon village vivent toujours, à l'ombre de ce funeste bâtiment, persuadés eux aussi de ma mort. L'odeur de mon sang séché et empoisonné me la rappelle à chaque respiration et ma volonté de vengeance ne fait que grandir. D'un rat, je suis passé dans l'esprit d'un serpent, animal avec lequel j'ai une certaine affinité. J'ai ainsi appris au cours des escapades de mon ami reptile qu'Itachi Uchiwa avait lui aussi été défait par son frère cadet. Ainsi Sasuke possédait maintenant la Lumière Éternelle de l'Amatarasu et donc la possibilité sans fin du Kaleidoscope hypnotique. Konoha avait été rasée puis reconstruite, Tsunade laissant le poste d'Hokage à la petite fille insipide aux cheveux roses, cette Sakura. Mais mon ami Kakashi restait dans l'ombre, chien fidèle de l'ancienne garde des Hokage. Touchant et pathétique. Il fallait qu'un grand leur montre le chemin de la lumière et de la célébrité, et je serai celui-ci. Madara était toujours en vie après la guerre des Shinobi, et il ne perdait rien pour attendre. J'allais prendre mon temps et quitter ce monde étriquer. Je vois à travers les yeux de mon ami serpent mon corps blanc et froid inanimé sur le lit de mon palais. Certains murs de l'édifice étaient fissurés, d'autres avaient explosés sous l'impact de notre affrontement avec le petit Uchiwa. Le serpent monta sur le lit, et je sentais le vibrations infimes de ma respiration. Alors, le corps froid du reptile franchit mes lèvres et s'enfonça dans ma gorge. Mes yeux s'ouvrirent et le serpent mourut. En moi. Mon corps était faible et lourd, mais vivant. Ces deux mois de sommeil m'avaient fait un bien immense, et je pouvais reprendre la route.

Je m'habillais d'une longue cape noir, au dessus de mon vêtement traditionnel d'Oto. Je rabattais lentement la capuche sur mes longs cheveux et mon regard mordoré de serpent, qui pourraient me trahir. Je jetai un dernier regard sur la salle détruite et mon palais, ancien symbole de ma puissance et de mon pouvoir. J'enjambai l'immense porte en bois sombre qui servait autrefois d'ouverture et qui maintenant était or de ses gonds. Le vent frais balaya mon visage et je me sentis enfin vivant, totalement vivant. Il ne me restait plus qu'à trouver un nouveau corps et rencontrer la nouvelle Hokage. Tout un programme.

Le mot de la fin